Emblématique

Mathieu Ier a une place particulière dans l'emblématique ducale car il se situe au tournant des prince ayant des armoiries attestées et de ceux pour lesquels elles ne sont que des constructions postérieures.

Héraldique

Il convient tout d'abord de noter que le sceau équestre du duc Mathieu ne montre aucune armoiries. L'escarboucle qui y est représenté rayonnant de l'umbo central est un renfort destiné à solidifié l'écu et non un meuble héraldique. De même, le gisant supposé du prince à Clairlieu n'avait pas de bouclier armorié selon les témoins oculaires. Comme pour ses prédecesseurs, nous disposons en revanche de mentions plus tardives émanant d'auteurs qui n'hésitaient pas à attribuer les armes traditionnelles de Lorraine (d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent) aux princes antérieurs à l'apparition de l'héraldique. On les trouve à partir de 1533 dans les Heures d'Antoine le Bon (f°69v). Plus tard, elles figurent dans l'Epitome de Jean d'Aucy rédigé en 1556 (f°85v), dans le Rôle d’arme de Gaignières* (f°72v) et, en 1762, sur la gravure de Carlo Faucci réalisée pour illustrer la Suite des portraits des ducs et Duchesses de la Maison Royale de Lorraine de Dom Calmet. 

Au vu de ces éléments, on pourraient considérer que Mathieu Ier n'a pas eu davantage d'armoiries que ses prédécesseurs et que, à leur instar, celles qui lui ont été attribuées postérieurement ne sont que fictives. Pourtant, les deux fils du duc, Simon II et Ferry Ier de Bitche, ont porté les mêmes armoiries. Une telle similitude chez ces frères se disputant la couronne ne se comprend que si elles étaient celles de leur père dont ils entendaient tous deux recueillir l'héritage. Par conséquent, on peut supposer que Mathieu Ier fut le premier duc de Lorraine à arborer des armoiries. Comme ses fils, elles devaient être d'or à la bande de gueules chargée de trois aigles d'argent. Rappelons en effet que l'alérion s'est élaboré au fil des siècles à partir de l'aigle qui a perdu tour à tour ses serres et son bec. Le nom même d'alérion n'est pas antérieur au XVe siècle. 

   

Une légende figurant dans les mémoires apocryphes de Louis de Haraucourt narre comment l'empereur Frédéric Barberousse, frère de la duchesse, aurait concédé à Mathieu le droit de porter l'aigle impériale en reconnaissance de sa loyauté envers lui. Plus prosaïquement, de nombreux princes du Saint-Empire ont opté pour l'aigle à cette époque. 

Devise

Selon Jean d'Aucy (f°82r), Mathieu Ier aurait eu la devise Nec tempora, nec momenta.

* Comme souvent dans cet armorial inachevé, les alérions sont omis.

- CHOUX, Jacques, 1964, "Les armes de Lorraine", Le Pays lorrain 45. (lire en ligne sur gallica.bnf.fr)

- MAROT, Pierre, 1930, "Les alérions de Lorraine", Mémoires de l'Académie de Stanislas 181, p. 25-54. (lire en ligne sur gallica.bnf.fr)