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Maison de Lorraine

21 août 2020

Nouveautés

Les dates de publication des différents messages étant modifiés pour assurer un classement chronologique dans chaque catégorie, il n'est pas possible de s'appuyer sur elles pour connaître les articles nouvellement ajoutés. Pour pallier cette lacune, vous...
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21 août 2020

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Le blog "Ducs de Lorraine" va connaître dans les semaines à venir une mutation relativement importante que reflète le changement de nom "Maison de Lorraine". Les principaux points à retenir sont les suivants : Réorganisation du menu accordant davantage...
24 janvier 2020

Méthodologie

L'iconographie portant sur les ducs de Lorraine est considérable tant par le nombre de documents disponibles que par la diversité des supports. Aussi, le but de ce blog est de rassembler cette documentation en présentant chaque oeuvre. On trouvera, à...
22 avril 2023

Emblématique

Henri d'Harcourt fut un grand homme de guerre qui marqua l'histoire du règne de Louis XIII. Son emblématique atteste à la fois de son appartenance à la Maison de Lorraine et des honneurs qu'il a reçu pour ses exploits.

 

Héraldique

Cadet de la lignée des ducs d'Elbeuf de la Maison de Guise, Henri hérita des armes de son père Charles Ier mais les brisa en ajoutant à la bordure huit besants d'or. Cette configuration, que l'on retrouve sur de nombreux documents, fut celle de ses héritiers jusqu'au XVIIIe siècle. Ses armes se blasonnaient donc coupé en un et parti de trois, en 1 fascé d’argent et de gueules de huit pièces (qui est de Hongrie), en 2 d'azur semé de lys d'or et au lambel de gueules (qui est de Sicile), en 3 d'argent à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même (qui est de Jérusalem), en 4 d'or aux quatre pals de gueules (qui est d'Aragon), en 5 d'azur semé de lys d'or et à la bordure de gueules (qui est d'Anjou moderne), en 6 d'azur au lion contourné à queue fourchée d’or, armé, lampassé et couronné de gueules (qui est de Gueldre), en 7 d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules (qui est de Juliers) et en 8 d'azur semé de croix recroisetées au pied fiché d'or à deux bars adossés du même (qui est de Bar) sur-le-tout d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent (qui est de Lorraine), le tout brisé d’un lambel de gueules et d’une bordure du même chargée de huit besants d’or.

 

Armes d'Henri d Harcourt

 

Les ornements extérieurs du "Cadet à la perle" sont documentés par des gravures dont celle représentant son monument funéraire à Royaumont. Le mausolée était surmonté des armoiries du défunt. Si l'écu a été mal retranscrit par le graveur (quartiers fantaisistes, absence de la bordure besantée), les ornements semblent, quant à eux, corrects. Les armes du comte sont placées dans un cartouche surmonté d'une couronne ducale. Celle-ci se retrouve sur toutes les gravures et elle a sans doute pour but de montrer le rang de sa famille plus que son titre personnel. L'écu est entouré des colliers des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. Les supports sont ceux utilisés de manière traditionnelle par les Guise : des aigles couronnées et colletées de couronnes desquelles pendent des croix de Lorraine. En sa qualité de Grand-Ecuyer de France, Henri d'Harcourt a pu faire figurer les deux épées dans leurs fourreaux fleurdelisés.

 

Composition héraldique sur le tombeau d'Henri d Harcourt (cliché commons.wikimedia.org)

 

Les armoiries visibles sur la gravure d'Antoine Masson ont quelques différences. Outre que l'écu est inversé, les supports ne portent plus qu'un collier avec la croix de Lorraine et non leurs multiples couronnes. De plus, une aigle issante de la couronne sert de cimier. Ses ailes portant elles aussi des croix de Lorraine et entourent la composition à la manière d'un manteau. N'étant pas pair de France, le comte n'avait pas droit à cet ornement. Enfin, l'ensemble est traité à la manière d'un trophée : outres les drapeaux au second plan, l'artiste a représenté un canon, un casque et un manipule aux pieds des aigles. Dans son armorial des chevaliers du Saint-Esprit créés par Louis XIII, Pierre d'Hozier représente plus sobrement des armoiries du comte : l'écu n'a pour ornements que sa couronne ducale et les colliers des ordres du Roi (f°10r). La principale critique qu'on puisse lui faire est l'absence du lambel des Guise.

 

Armoiries d'Henri d'Harcourt au bas d'une gravure d'Antoine Masson (cliché nationalgalleries   Armoiries d'Henri d'Harcourt par Pierre d'Hozier (cliché gallica

 

Emblèmes

Outre ses armoiries, Henri d'Harcourt a utilisé des emblèmes traditionnels de sa famille tels que les croix de Lorraine et de Jérusalem. Pour cette raison, elles parsèment les draperies de pierre de son tombeau. Les emblèmes militaires sont eux aussi très présent ce qui est peu surprenant pour un homme de guerre.

 

22 avril 2023

Portrait d'Henri d'Harcourt par Nicolas Mignard (1660)

Henri de Lorraine par Nicolas Mignard (cliché anticstore.com)

La maison Franck Baptiste (Paris) a vendu un portrait à mi-buste de Henri de Lorraine, comte d'Harcourt attribué au peintre Nicolas Mignard. Mesurant 92 sur 106 cm, il aurait été réalisé vers 1660. 

 

Portrait d'Henri d'Harcourt

Le comte est représenté de trois-quart, tenant un manipule symbole de son pouvoir militaire. Il est vêtu d'un tablier couleur havane partiellement recouvert par sa cuirasse, d'un pourpoint avec jabot de dentelle et d'une écharpe blanche frangée d'or. L'insigne du Saint-Esprit, dont il a été fait chevalier en 1633, est clairement visible, porté en sautoir au bout d'un ruban bleu. Physiquement, il s'agit d'un homme mûr à l'ample chevelure et à la moustache à la royale. Il porte ostensiblement à l'oreille la perle qui lui a donné son surnom.

Le décor renforce l'image d'un homme de guerre. Devant lui se trouve son casque lauré  surmonté de plumets et ses gantelets damasquinés d'or. Derrière, par une large ouverture, la vue s'ouvre sur une scène de guerre avec une ville incendiée.

 

Postérité

Ce portrait fut repris par plusieurs graveurs et marqua l'iconographie de ce prince :

- Antoine Masson le reproduisit en 1667. Il existe cependant quelques différences flagrantes. Tout d'abord, la composition est inversée. La conséquence est que l'épée est désormais visible au côté gauche du comte. 

- Etienne Ficquet réalisa en 1744 un portrait du comte pour l'Histoire du règne de Louis XIV de Reboulet. L'orientation choisie par Nicolas Mignard fut conservée et le portrait placé dans un cadre ovale comme pour les autres du recueil. 

Henri de Lorraine par Antoine Masson, 1667 (cliché collections.geneve.ch)   Henri de Lorraine par Etienne Ficquet, 1747 (cliché wikimedia.org)

 

Portrait par Nicolas Mignard (AnticStore.com)

Portrait d'Antoine Masson au Musée d'art et d'histoire de Genève, E 2017-0846

 

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21 août 2021

Emblématique

Petite-fille de France et duchesse de Lorraine, Elisabeth-Charlotte usa d'une emblématique à la hauteur de son rang et des prétentions royales de son époux Léopold.

 

Héraldique

Les compositions héraldiques unissant les armes de Lorraine et d'Orléans sont très nombreuses sous le règne de Léopold. On les retrouve sur les monuments, comme le château de Lunéville, ou sur des objets du quotidiens tels que la céramique ou les tapisseries dont elles indiquent les propriétaires. Ces armes d'alliance représentent tantôt le couple, tantôt la duchesse comme individu, sans que la distinction soit toujours claire.


Avant son mariage, Elisabeth-Charlotte était titrée "Mademoiselle de Chartres". Dans un écu en losange, elle portait d’azur à trois fleurs de lys d’or et au lambel d’argent (qui est d’Orléans), armes héritées de son père Philippe d'Orléans. L'écu, entouré de palmes, étaient timbré de la couronne des enfants/petits-enfants de France. Cette composition, peu originale, se retrouve sur la reliure de ses livres ou l'étui de sa guitare.

 

Reliure aux armes d'Elisabeth-Charlotte d'Orléans, avant son mariage (cliché numelyo   Armoiries de jeunesse d'Elisabeth-Charlotte sur l'étui de sa guitare

 

En se mariant, elle associa les armes de Léopold aux siennes et porta désormais parti en 1 coupé d’un trait et parti de trois, en a fascé d’argent et de gueules de huit pièces (qui est de Hongrie), en b d'azur semé de lys d'or et au lambel de gueules (qui est de Sicile), en c d'argent à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même (qui est de Jérusalem), en d d'or aux quatre pals de gueules (qui est d'Aragon), en e d'azur semé de lys d'or et à la bordure de gueules (qui est d'Anjou moderne), en f d'azur au lion contourné à queue fourchée et passée en sautoir d’or, armé, lampassé et couronné de gueules (qui est de Gueldre), en g d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules (qui est de Juliers) et en h d'azur semé de croix recroisetées au pied fiché d'or à deux bars adossés du même (qui est de Bar) sur-le-tout d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent (qui est de Lorraine) et en 2 d’azur à trois fleurs de lys d’or et au lambel d’argent (qui est d’Orléans).

 

Armes de la Maison d'Orléans   Armes d"Elisabeth-Charlotte d'Orléans

 

Une chaise à porteurs conservé au Petit Palais, et quelques taques de foyer montrent effectivment un écu parti. Cependant et conformément aux usages de son temps, on retrouve plus souvent deux écus accolés (jetons, reliures, sceau).

 

Armoiries ornant une chaise à porteurs ducale (cliché parismuseescollections.paris.fr)   Reliure aux armes d'Elisabeth-Charlotte d'Orléans (relevé in Guigard I, p

 

Dans tous les cas, le timbre employé est la couronne fermée, innovation de Léopold à l'emblématique ducale et marque de son prédicat d'altesse royale obtenu en 1700. On retrouve aussi parfois les aigles, supports habituels de la famille ducale, voire des putti rappellant les tenants de la Maison de France. Le manteau ducal est peu présent dans l'héraldique de la princesse alors qu'il est omniprésent dans ses portraits. Notons que dans ceux-ci, le manteau ducal en brocard d'or parsemé emblèmes lorrains et souvent remplacé par un manteau d'azur semé de lys seuls ou alternés avec des croix de Lorraine. Reste à évoquer la cordelière de veuve qu'Elisabeth-Charlotte arbora après 1729.

 

Jeton de Saint-Urbain aux effigies et armes d'Elisabeth-Charlotte d'Orléans (cliché vinchon

 

 

11 juillet 2021

Emblématique

Le règne de Léopold ayant été marqué par sa politique visant à restaurer le prestige de sa Maison, l'emblématique ducale refléta cette ambition. Ses armoiries et son monogramme ont pour cette raison fait l'objet d'une diffusion assez large.

 

Héraldique

Sous son règne, Léopold a conservé les armoiries ducales fixées au XVIe siècle. Il portait donc : coupé d’un et parti de trois, en 1 fascé d’argent et de gueules de huit pièces (qui est de Hongrie), en 2 d'azur semé de lys d'or et au lambel de gueules (qui est de Sicile), en 3 d'argent à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même (qui est de Jérusalem), en 4 d'or aux quatre pals de gueules (qui est d'Aragon), en 5 d'azur semé de lys d'or et à la bordure de gueules (qui est d'Anjou), en 6 d'azur au lion contourné à queue fourchée et passée en sautoir d’or, armé, lampassé et couronné de gueules (qui est de Gueldre), en 7 d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules (qui est de Juliers) et en 8 d'azur semé de croix recroisetées au pied fiché d'or et à deux bars adossés du même (qui est de Bar) sur-le-tout d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent (qui est de Lorraine).

 

Armoiries de Léopold Ier sur une déclaration de 1724 (cliché gallica.bnf.fr)   Armes de Léopold Ier de Lorraine

 

L'innovation principale ne porte donc pas sur les armes proprement dites mais sur leur timbre. Conformément au prédicat d'altesse royale qu'il obtint de l'empereur en 1700, Léopold adopta une couronne fermée en lieu et place de la couronne ducale ouverte de ses prédécesseurs. La forme exacte des arceaux varie selon les représentations. Si certains sont seulement ornés de perles, d'autres sont plus élaborées (Portrait de Léopold par Dupuis). On y voit une alternance de bars et d'arceaux ornés d'une croix de Lorraine. La dualité des deux duchés unis depuis René II était ainsi manifestée dans une esthétique rappelant la couronne des Dauphins de France. Au sommet de la couronne, on trouve tantôt une croix de Jérusalem, tantôt une croix de Lorraine. Indépendamment de ces différences stylistiques, la couronne fermée de Léopold fut abondamment représentée tant pour lui que pour son épouse, son héritier présomptif ou, de manière plus surprenante, son défunt père Charles V.

 

Armoiries du duché de Bar sous Léopold Ier (cliché gallica.bnf.fr)   Porte-document aux armes de Léopold Ier, Musée lorrain (cliché wikimedia.org)

 

Flacon aux armes de Léopold Ier (cliché wikimedia.org)

Les modifications des autres ornements extérieurs furent plus discrets. Les supports principaux sont toujours des aigles couronnées et colletées d'une couronne et d'un chapellet à croix de Lorraine. La couronne sur la tête du rapace est parfois fermée comme celle de l'écu mais cela reste peu courant. On trouve aussi, mais très marginalement, deux sauvages comme tenants. Il semble s'agir de supports propre au duché de Bar. S'il n'est pas systématique, le manteau ducal est également présent, semé d'alérions et de bars ou de croix de Lorraine. Conformément aux usages de son époque, Léopold n'a pas non plus utilisé de manière courante de heaume héraldique. Lorsqu'il est présent, comme sur des flacons conservés au Musée Lorrain, il est surmonté d'une couronne fermée, de même que l'aigle servant de cimier. Ici comme sur les supports, les changements héraldiques découlent du choix de ce nouvel insigne de pouvoir. Pour finir, mentionnons le collier de la Toison d'or reçu en 1690.

 

 

28 avril 2021

Héraldique

Bien que décédé à seulement sept ans, le jeune Louis de Lorraine avait des armoiries marquant son statut de prince héritier. Elles nous sont connues par l'estampe de H. Nobilis gravée d'après Jacques Van Schuppen

 

Armoiries de Louis de Lorraine sur une estampe de 1710 (cliché musee-lorrain   Armes de Louis de Lorraine

 

Comme son père, Louis portait coupé en un et parti de trois, en 1 fascé d’argent et de gueules de huit pièces (qui est de Hongrie), en 2 d'azur semé de lys d'or et au lambel de gueules (qui est de Sicile), en 3 d'argent à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même (qui est de Jérusalem), en 4 d'or aux quatre pals de gueules (qui est d'Aragon), en 5 d'azur semé de lys d'or et à la bordure de gueules (qui est d'Anjou moderne), en 6 d'azur au lion contourné à queue fourchée d’or, armé, lampassé et couronné de gueules (qui est de Gueldre), en 7 d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules (qui est de Juliers) et en 8 d'azur semé de croix recroisetées au pied fiché d'or à deux bars adossés du même (qui est de Bar) sur-le-tout d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent (qui est de Lorraine). Ces armes étaient inchangées depuis le règne du duc Antoine au XVIe siècle. Conformément à la mode de son temps, l'écu est ovale et représenté dans un cartouche. Il est flanqué de deux aigles couronnés et portant des colliers auxquels pendent des croix de Lorraine. Ces supports ne sont pas non plus originaux. En revanche, la couronne fermée timbrant l'écu est la grande innovation apportée par Léopold à l'emblématique ducale. Notons encore le manteau ducale doublé d'hermine. En définitive, ces armoiries sont identiques à celles du père de Louis. La seule différence permettant d'affirmer que celles-ci sont propres au jeune prince est l'absence du collier de la Toison d'or, toujours présente sur les armoiries de Léopold. Nul doute que s'il avait vécu, il aurait été fait chevalier de cet ordre prestigieux comme ce fut le cas de ses frères qui parvinrent à l'âge adulte. 

 

28 avril 2021

Estampe de H. Nobilis d'après Jacques Van Schuppen (vers 1710)

Portrait de Louis d'après Van Schuppen, 1710 (cliché musee-lorrain.nancy.fr)

Né le 28 janvier 1704 après un frère mort en bas-âge et trois soeurs, le jeune Louis de Lorraine portait tous les espoirs de la Maison de Lorraine. Aussi, la propagande ducale ne tarda pas à le présenter comme le futur souverain. Jacques Van Schuppen semble avoir joué un rôle important car deux de ses oeuvres représentent le prince : le premier est un petit portrait en pied tandis que le second, connu par une estampe de H. Nobilis, se borne au buste de l'enfant. Celle-ci est aujourd'hui conservée au Musée lorrain (Inv. 90.4.4.130).

 

Portrait de Louis de Lorraine

Tourné vers la droite, le prince est vêtu d'une tunique ornée de dentelles et d'un manteau de brocart semé d'alérions et de croix de Lorraine, doublé d'hermine.De sa main droite, il tient fermement un manipule sombre constellé de croix de Lorraine.

Ce portrait est placé dans un cadre ovale portant l'inscription LOUIS PRINCE ROYAL DE LORRAINE. En dessous sont représentées les armoiries de cet enfant qui, pour l'essentiel, sont identiques à celles de son père. Autour, de nombreux éléments guerriers (drapeaux, carquois, trompettes et casques) cotoyent des symboles artistiques (palette, tambour, maillet, compas, etc) et présentent une image du bon gouvernement souhaité pour le règne futur de Louis.

La mort du prince en 1711 reportera les espoirs familiaux sur Léopold-Clément puis, après la mort de celui-ci, sur le futur François III lequel coiffera la couronne impériale et fondera la Maison de Habsbourg-Lorraine.

 

Notice sur le site du Musée lorrain

 

20 octobre 2020

Portrait du duc Raoul sur la fresque de la cathédrale de Saint-Dié (vers 1341)

Fondée par l'évêque éponyme au VIIe siècle, l'église de Saint-Dié devint un des plus prestigieux chapitre noble de Lorraine. Ses grands prévôts, dont l'autorité s'étendait à plusieurs lieues autour de la ville, avaient droits aux ornements épiscopaux et jouissaient de nombreux privilèges. Les ducs de Lorraine, quant à eux, étaient les avoués de la collégiale. Certains tentèrent d'abuser de cette position pour contrôler le chapitre et les terres sous son autorité. Sous le règne du duc Raoul, un conflit éclata sous le nom d'Affaire des sceaux. Le prince tenta d'imposer un sceau à ses armes pour les actes notariés de Saint-Dié. Le prévôt Philippe de Bayon se montra intransigeant face à ce nouvel abus de pouvoir et Raoul dut  reculer à l'issue de négociations qui durèrent jusqu'en 1341. 

C'est vers cette époque que fut réalisée dans le choeur de la collégiale une peinture murale célébrant l'indépendance du chapitre. Il se compose de deux scènes.

  • La première, à droite, montre Saint Dié, fondateur de l'église au VIIe siècle, recevant de l'empereur un anneau d'or. Cer personnage, trônant en majesté, est symbolique car le trône impérial était alors vacant depuis la mort d'Henri VII en 1313. Aussi sont représentés derrière lui les deux rivaux Louis de Bavière, alors Roi des Romains, et Jean de Luxembourg, roi de Bohème. Il y a bien-sûr là un anachronisme puisqu'à l'époque de Saint-Dié, le pouvoir politique était tenu par Childéric II d'Austrasie. Les empereurs germaniques sont donc considérés comme les successeurs du roi mérovingien, protecteurs du chapitre de Saint-Dié et garants de ses privilèges.
  • La seconde, à gauche, montre le duc Raoul investit de l'avouerie. Recevant du Roi des Romains le gant symbolisant sa charge, il prête serment sur les saintes écritures qui lui présente le prévôt.

Cette peinture, si importante pour l'histoire de Saint-Dié-des-Vosges et de la Lorraine, fut malheureusement détruite par les Allemands durant la Seconde guerre mondiale. Elle fut restituée dans le cadre de la reconstruction de la cathédrale.

 

Fresque de l'Investiture (cliché dp.catho.ahennezel.info)

 

Portrait du duc Raoul

Le duc est représenté debout, tourné vers la droite. Tête nue, il est vêtu de mailles et d'une cotte bleue ornée d'écussons aux armes de Lorraine. Outre les protections des avants-bras, on notera la présence de son épée et deses éperons. Ces élements, ainsi que les soldats qui se tiennent derrière lui, montrent que c'est en tant que chevalier capable de défendre l'Eglise que l'avouerie lui est confiée. De fait, il saisit de sa main gauche le gant que lui tend son suzerain tandis que de sa droite, il jure sur la Bible de protéger le chapitre. Concernant la physionomie du prince, elle n'est pas sans faire penser à son portrait sur les vitraux contemporains de Königsfelden.

Contrairement à l'empereur, le duc et le prévôt ne sont pas nommés dans l'inscription accompagnant la fresque. Ce point, ainsi que l'anachronisme de la première scène, donne un côté intemporel aux cérémonies représentées. Les ducs de Lorraine doivent protection et respect au chapitre de Saint-Dié représenté par son prévôt. Le pouvoir impérial est le garant des droits et obligations de chacun. 

 

- COLLIN, Hubert, 1988, Lotharingia I, Nancy, p. 14.

- POULL, Georges, 1991, La Maison ducale de Lorraine, Nancy, p. 109-110.

- SAVE, Gaston, 1901, "La fresque de Maheu de Lorraine découverte à la cathédrale de Saint-Dié", La Lorraine artiste 14,  p. 251-255. [avance, sur une lecture erronée de l'inscription, que le duc serait Simon II et le prévôt Mathieu de Lorraine]

Merci à Benoît Larger pour ses conseils.

 

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