Emblématique

L'abbesse Françoise-Renée de Guise est connue pour sa bonne gestion de l'abbaye de Montmartre. Ses choix héraldiques font partie de l'héritage qu'elle légua à son monastère.

Les armes utilisées par l'abbesse furent doubles. Dans sa correspondance avec Colbert, elle utilisa ses armes familiales soit coupé en un et parti de trois, en 1 fascé d’argent et de gueules de huit pièces (qui est de Hongrie), en 2 d'azur semé de lys d'or et au lambel de gueules (qui est de Sicile), en 3 d'argent à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même (qui est de Jérusalem), en 4 d'or aux quatre pals de gueules (qui est d'Aragon), en 5 d'azur semé de lys d'or et à la bordure de gueules (qui est d'Anjou moderne), en 6 d'azur au lion contourné à queue fourchée d’or, armé, lampassé et couronné de gueules (qui est de Gueldre), en 7 d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules (qui est de Juliers) et en 8 d'azur semé de croix recroisetées au pied fiché d'or à deux bars adossés du même (qui est de Bar) sur-le-tout d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent (qui est de Lorraine) , le tout brisé d’un lambel de gueules. Dans le même temps, elle utilisa des armes plus personnelles. Visibles sur son sceau et sur les livres imprimés par l'abbaye, elles étaient d’azur à la croix de Lorraine d’or, la première traverse chargée des mots IN HOC et la seconde du mot VINCAM, le tout de sable. Le texte In hoc vincam signifie "Par ce signe je vaincrai". Afficher une telle devise en lien avec la croix de Lorraine dans une abbaye royale située aux portes de Paris à cette époque de guerres continuelles entre les deux pays était un choix clairement politique.

   

Les ornements extérieurs sont également connus. Les armes se trouvaient sur un écu en losange placé dans un cartouche. Celui-ci était encadré par deux palmes croisées et surmonté d'une couronne ducale. Derrière était placée en pal la crosse abbatiale tournée vers dextre. Enfin, cette composition était soutenue par deux aigles couronnées et colletées ayant sur la poitrine des croix de Lorraine. Si les palmes et la crosse sont liées au statut ecclésiastique de la princesse, la couronne et les supports sont ceux de sa famille. 

Les armoiries choisies par Françoise-Renée devinrent celles de l'abbaye de Montmartre. La matrice du sceau de ce monastère existait encore à la fin du XIXe siècle, incrustée dans une table de la sacristie.En 1903, O'Kelly de Galway suggérait que Montmartre adopte ces armes sans l'inscription latine pour rappeler l'importance locale de l'abbaye. Cet avis ne fut visiblement pas écouté.

- COLLIN, Hubert, 1982, "Hypothèse sur la sépulture de Françoise-Renée de Lorraine, abbesse de Montmartre (1657-1682)", Le Pays lorrain 63-1, p. 52-55.

- O'KELLY DE GALWAY, 1903, "Sceaux et armoiries de l'abbaye royale de Montmartre", Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie Le Vieux Montmartre 43, p. 87-91.