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Maison de Lorraine
21 mai 2020

Emblématique

L'héraldique des seigneurs de Florange nous est connue par la sigillographie et plusieurs armoriaux. Pourtant, elle reste incertaine à plusieurs égards. Outre que les brisures des cadets sont peu documentées, elles semblent ne s'être fixées qu'après quelques hésitations mal connues.

 

Armes originelles de la branche de Florange

Le fondateur de cette lignée a vécu à l'époque où s'est développée l'art héraldique. Son père Simon Ier n'a à notre connaissance pas eu d'armoiries et Robert n'a donc pas eu à les briser. En revanche, son frère Mathieu Ier fut sans doute le premier à adopter les armes lorraines avec la bande chargée des trois aigles. Comme lui, le seigneur de Florange a opté pour un symbole en lien avec le Saint-Empire. En effet, son sceau, qui porte l'inscription SIGILLUM ROBERTI FRATRIS DUCIS MATHEI soit "Sceau de Robert, frère du duc Mathieu", montre une aigle tenant dans sa serre droite une épée. Cette dernière fait sans doute allusion au pouvoir de haute-justice du prince dans son fief. En l'absence d'autres documents, les émaux sont inconnus. 

L'aigle fut visiblement vite abandonné. Selon Dom Calmet, les seigneurs de Florange adoptèrent les armes de la branche aînée en substituant des fleurs de lys aux aigles. C'est effectivement ce que l'on retrouve sur le sceau de Philippe de Bayon lorsqu'il était grand-prévôt de Saint-Dié. D’or à la bande de gueules chargée de trois fleurs de lys d’argent, ces armoiries parlantes seraient identiques à celles portées portées ultérieurement par la Maison du Châtelet. 

 

Armes hypothétiques de Robert de Florange   Armes originelles des seigneurs de Florange

 

Armes léonines 

Ces armes fleurdelysées durèrent peu. Le fait que le prévôt Philippe les aient utilisées montrent qu'il s'agissait de celles de son père Philippe Ier, sire de Florange. Quelques temps plus tard, en 1262, on le voit utiliser(avec une brisure) les armes qui seront à l'avenir celles arborées par sa famille : d’or au lion de sable et à la bordure de gueules. On peut supposer qu'avant cette date, son père avait changé d'armoiries et qu'il l'avait imité. Les seigneurs de Florange porteront désormais ces armes léonines dont les émaux nous sont connus grâce à différents armoriaux (Armorial du Héraut Vermandois et Armorial Wijnbergen pour Philippe II, Armorial du Tournoi de Chauvency pour Gilles). Des armoriaux postérieurs à l'extinction de cette lignée parlent d'orle de gueules plutôt que de bordure (Armorial  Lützelbourg). Il s'agit probablement plus d'une erreur (ou de la brisure d'un cadet non identifié) que d'une évolution des armes de cette famille. En effet, le sceaus  de Philippe IV montre clairement une bordure. Les choses sont moins claires pour son fils Robert IV, dernier de sa lignée. Si le lion est bien lisible, la bordure est plus hypothétique. 

 

Armes des seigneurs de Florange   Armes de Florange à l'orle de gueules

 

Reste la question du cimier des sires de Florange. On attendrait volontiers un lion comme sur l'écu. Pourtant, le seul sur lequel nous soyons renseignés est celui de Robert IV. Or, le heaume de ce chevalier est surmonté d'une figure humaine, barbue et grimaçante, perchée au bout d'un long cou. Celui-ci semble muni d'une petite crête avec des éléments à intervalle régulier. Nous ignorons si ce cimier était familiale ou strictement personnel.

 

Reconstitution du sceau de Philippe IV à partir du moulage des Archives générales belges (cliché search.arch.be)   Reconstitution du sceau de Robert IV à partir du moulage des Archives générales belges (cliché search.arch.be)

 

Brisures des cadets

Nous avons vu que Philippe, fils cadet de Philippe Ier de Florange, était important pour saisir l'évolution originelles des armes de la famille. Ayant embrassé la carrière ecclésiastique, il n'était pas tenu de les briser. De fait, son premier sceau aux armes fleurdelysées ne portait visiblement aucune marque personnelle. Le second en revanche, utilisé comme évêque de Metz, était d’or au lion de sable et à la bordure de gueules (qui est de Florange) brisé d’une crosse brochant en bande. La volonté du prélat de marquer son statut épiscopal se comprend d'autant mieux que son élection était contestée. Les armes d'un autre cadet nous sont connus. Il s'agit de celles d'Ancillon, fils de Philippe II de Florange. Selon Dom Calmet, il portait de gueules au lion d’or et à la bordure denchée d’argent. La brisure est double puisqu'elle porte à la fois sur les émaux et sur la bordure. Ces armes, prises à tort pour celles de l'ensemble de la famille, furent adoptées par la municipalité de Florange qui les utilise encore aujourd'hui.

 

Armes de Philippe de Florange   Armes d'Ancillon de Florange

 

Postérité

Lise, une des soeurs du dernier seigneur de Florange, épousa Collard de Lenoncourt, apportant à ce dernier des prétentions sur l'héritage familial. Fils cadet de Thierry II, sire de Lenoncourt, il choisit d'écarteler les armes de son père et de sa femme. C'est du moins ce que nous apprends la description de son sceau par le père Anselme. Certes, les émaux ne sont pas tous connus et la bordure (ou l'orle) des Florange n'étaient pas lisibles mais l'essentiel peut être reconstitué aisément : écartelé d’argent à la croix engrêlée de gueules (qui est de Lenoncourt) brisé d’une bande et d’or au lion de sable et à la bordure de gueules (qui est de Florange)

 

Armes de Thierry II de Lenoncourt d'après ses sceaux   Armes de Collard de Lenoncourt

 

 

- ANSELME, Honoré (Père), 1726, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France II, Paris, p. 34.

- CALMET, Austin (Dom), 1757, Histoire de Lorraine (2de éd.), Nancy,

- COLLIN, Hubert, 1988, Lotharingia I, Nancy, n°36 et 223.

- FERRY, Edouard, & SAVE, Gaston, 1888-1889, "Sigillographie de Saint-Dié", Bulletin de la Société philomatique vosgienne, p. 128-131.

 

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