Fresque (perdue) de l'abbaye de Struzelbronn (au moins XIVe siècle)

L'abbaye cistercienne de Sturzelbronn fut fondée au début du XIIe siècle par le duc Simon Ier. Située dans les Vosges du Nord en Moselle, ce monastère dédié à la Vierge fut la nécropole favorite des ducs de Lorraine jusqu'au règne de Mathieu II. La guerre des paysans puis la guerre de Trente Ans ravagèrent l'abbaye qui fut à chaque fois rénovée. Finalement, la Révolution mis un terme à son histoire. les bâtiments furent vendus et, pour l'essentiel, détruits.

Une fresque disparue

Selon le père Hugo, le duc Charles III aurait pu voir, en 1570, une fresque qui ornait alors le mur gauche du choeur de l'abbatiale. Elle représentait un duc agenouillé devant la Vierge. Tête nue, celui-ci était armé de toutes pièces et il tenait une lance à la bannière alérionée. Son armet, également représenté, était sommé d'une aigle éployée et couronnée. Cette peinture était illisible à l'époque de Dom Calmet.

L'identification

Il n'est pas aisé de savoir quel duc était représenté sur cette fresque :

• L'hypothèse traditionnelle veut qu'il se soit agi de Mathieu II dont on suppose qu'il fut inhumé à Sturzelbronn. Bien qu'il n'ait pu voir la peinture, Dom Calmet supposait qu'elle avait servi de modèle pour le portrait de ce duc appartenant à l'abbé Fournier. Ce tableau a, à son tour, été pris comme modèle, notamment par Ferdinand de Saint-Urbain. Des toiles conservées à Florence sont liées à ce groupe. Deux difficultés se présentent cependant. D'une part, le lieu de sépulture de Mathieu II est incertain. Il peut s'agir de Sturzelbronn mais aussi de l'abbaye de Beaupré. De plus, la fresque montrait le duc en costume guerrier ce qui n'est pas le cas sur les documents se rattachant au tableau de l'abbé Fournier. Pour finir, l'habitude de sommer le heaume du prince d'une aigle d'argent est postérieure au règne de Mathieu II.
• La seconde hypothèse émane de Mory d'Elvange qui visita l'abbaye à la fin du XVIIIe siècle. Il n'a pas vu la fresque, disparue depuis longtemps mais l'évoquait comme une représentation de Simon Ier. Si une représentation du duc fondateur du monastère n'est pas à exclure, elle ne peut lui être contemporaine. Ce prince ayant vécu avant l'apparition de l'héraldique, il n'a pu arborer de lui même les armes aux alérions lorrains.

En définitive, il ne semble pas possible de savoir quel duc était représenté sur la fresque de Sturzelbronn ni si elle a effectivement eu une influence sur l'iconographie de Mathieu II par l'intermédiaire du portrait de l'abbé Fournier. La seule certitude est qu'elle date au plus tôt du règne de Raoul qui fut le premier à utiliser comme un aigle pour cimier. Dès lors, elle peut avoir représenté le prince du moment ou un ancien duc en le représentant de manière anachronique.

- BOULANGE, Georges, 1854, "Recherches sur les sépultures des premiers ducs de la maison de de Lorraine dans l'abbaye de Stürzelbronn", L'Austrasie 2, p. 181-203.

- CALMET, Augustin (Dom), 1736, Dissertation historique et chronologique sur la suite des médailles des ducs et duchesses de la Maison royale de Lorraine, Nancy.

- MARCHAL, Laurent (abbé), 1866, "Etude pour servir de supplément aux recherches sur les sépultures des premiers ducs de la maison de Lorraine dans l'abbaye de Stulzelbronn, de M. Georges Boulangé", Journal de la Société d'archéologie let du Comité du Musée Lorrain  15, p. 146-154.

- SIMONIN, Pierre, 2004, "Les tombes des ducs et duchesses de Lorraine, 1048-1765. La chapelle ducale dite "chapelle ronde" à Nancy", Lotharingia XII, p. 5-32.