Vitrail (perdu) de l'église des Cordeliers à Paris (fin XVIe siècle)

Le couvent des Cordeliers de Paris fut fondé par Saint Louis au XIIIe siècle. Son église abritait de nombreux tombeaux princiers. En 1580, elle fut ravagée par un incendie. Dans le cadre des travaux de reconstruction, une quarantaine de verrières furent installées. Elles représentaient des membres de la famille royale et des chevaliers du Saint-Esprit. Dans le contexte des guerres de religion, on trouvait là figurés de nombreux chefs de la Ligue. La rénovation durant jusqu'à l'avènement des Bourbons, Henri IV s'est également fait représenter. Pillée à la Révolution, l'église des Cordeliers a été détruite en 1802. Bien qu'aucun des vitraux n'en ait réchappé, nous disposons de dessins de  la collection Gaignières (Bnf) qui permettent de connaître leur apparence.

Portrait de Philippe-Emmanuel de Mercoeur

Le duc est représenté en position d'orant, tourné vers la gauche. Son visage est encore jeune car il n'a que 22 ans en 1580. Il porte le costume de cérémonie des chevaliers du Saint-Esprit. Ses vêtements sont blancs et décorés de dentelles (notamment les manches). On notera également l'imposante fraise typique de ces années. L'élément le plus caractéristique de son costume est l'ample manteau de chevalier, en velours noir doublé de satin orangé et au mantelet en toile d'argent verte. Il est brodé d'un semis de flammes et bordé d'une représentation du collier de l'ordre alternant les fleurs de lys enflammés et les monogrammes royaux. La croix du Saint-Esprit est portée en sautoir avec un ruban bleu. Au côté, le duc porte l'épée dont la garde dépasse du manteau. 

Devant Philippe-Emmanuel se trouvent ses armoiries. Si les ornements extérieurs sont corrects (manteau de pair, colliers des ordres du roi, etc...), l'écu laisse perplexe. Là où on attend les armes plaines de Lorraine brisées du lambel d'azur des Vaudémont-Mercoeur, on trouve les armes des Guise (au lambel de gueules) avec une bordure d'azur. Il est impossible de savoir si l'erreur est due au vitrailliste ou au dessinateur. L'erreur est en tout cas reportée sur le manteau armorié.