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Maison de Lorraine
16 août 2020

Emblématique

L'héraldique des comtes de Toul issus de la Maison de Lorraine est très mal connue. Les sceaux sont rares et ont parfois été interprété de manière fantaisiste. Nous sommes heureusement plus chanceux avec la lignée cadette des Montreux, mieux documentée.

 

Armes fantaisistes de Mathieu de Lorraine

Le sceau équestre du fondateur de la lignée le montre avec un bouclier fruste. Au XVIIIe siècle cependant, le père Benoît Picard croyait y voir ses symboles qu'il interprétait comme des armoiries. Il hésitait entre une hallebarde et un "pal fleuri". Concernant le premier, le terme est anachronique et il faudrait supposer une arme d'hast en usage à la fin du XIIe siècle. Le second doit sans doute être interprété comme des motifs floraux disposés en pal. Aucune de ces lectures n'est vraiment concluante. Les éléments vus par l'érudit était vraisemblablement comparables à ceux visibles sur le sceau équestre du duc Simon Ier.

 

Armes hypothétiques à la hallebarde   Armes hypothétiques au pal fleuri

 

Armes léonines

La découverte d'un sceau armorié du comte Eudes, petit-fils de Mathieu, a permis d'appréhender plus sérieusement l'héraldique de cette branche cadette. De forme circulaire, le sceau de 1264 porte l'inscription S. ODONIS TULLENSIS COMITIS soit "Sceau d'Eudes, comtes de Toul". L'écu qui y est représenté porte un lion. Léon Germain de Maidy, qui a publié ce document, supposait que ces armoiries étaient celles portées traditionnellement par les comtes de Toul.La connaissances des armes des sires de Montreux, une branche cadette issue de Frédéric V de Toul, permet un nouvel éclairage. Si on omet la brisure (une bordure engrêlée de gueules), on devrait pouvoir retrouver les armes de la branche aînée. Elles devrait être d'or au lion de sable lampassé d'or. Ces émaux ne sont bien sûr qu'hypothétiques tant qu'un document ne les aura pas prouvé. Concernant l'origine de ces armoiries, on peut se demander si elles ne font pas allusion aux lions des Hohenstaufen, la mère de Mathieu de Toul étant une princesse souabe.

 

Dessin du sceau du comte Eudes de Toul (Léon Germain de Maidy 1917-1918)      Armes des comtes de Toul (émaux hypothétiques)

 

Branche cadette de Coussey

L'héraldique des cadets de la branche de Toul est connue de manière très inégale. Si la lignée de Montreux est relativement bien documentée, celle de Coussey, est bien incertaine. Je n'ai connaissance d'aucun sceau qui soit conservé. Le baron Digot attribuait à Renard, fondateur de cette branche cadette, de gueules au glaive d'or. N'ayant pu me procurer son ouvrage, j'ignore quelle source primaire il utilisait. Tranchant tout à fait avec les usages de la Maison de Lorraine, ces armes rappellent celles, fantaisites, attribuées par le Père Picard à Mathieu de Lorraine. Espérons que la découverte d'empreintes sigillaires permettra de clarifier cette question.

 

Armes hypothétiques de Renard de Coussey

 

Branche cadette de Montreux

Les sceaux de Ferry Ier et Didier Ier de Montreux montrent qu'ils portaient d'or au lion de sable lampassé de gueules et à la bordure engrêlée du même. Frédéric, le cousin du premier mourut à la bataille de Sempach en 1386. Ses armoiries sont représentées dans la Schlachtkapelle avec comme brisure une queue fourchée et passée en sautoir. Un autre cadet, le Georges dit le bâtard de Montreux, portait sur son sceau de prévôt de Belfort les armes de la lignée brisée d'une bande. 

 

Armes des sires de Montreux   Armes de Frédéric de Montreux   Armes de Georges, bâtard de Montreux

 

Les armoiries peintes dans la Schlachtkapelle montrent l'écu de Frédéric de Montreux taré d'un heaume aux lambrequins or et sable. Le cimier est est un lion issant de sable lampassé de gueules, conformément au meuble de l'écu. Le fauve est orné d'une crête de gueules bordée de plumes de paon. L'influence habsbourgeoise est manifeste. Nous retrouvons ce cimier bien plus tard, au XIXe siècle, dans le Livre des alliances de la famille Reinach-Werth. Il orne alors les armoiries de Marie de Montreux, dernière de sa lignée. Notons que la crête n'est pas présente.

 

Armoiries de frédéric de Montreux dans la chapelle de Sempach (cliché commons.wikimedia.org)   Armoiries de Marie de Montreux dans le Livre des Alliances (cliché grand-est.fr)

 

- DIGOT, Paul (Baron), 1887, La chevalerie Lorraine 1000-1665, Nancy.

- GERMAIN DE MAIDY, Léon, 1917-1918, "Sceau d'Eudes, comte de Toul", Revue numismatique 21, p. 93-99.

- PICART, Benoît, 1704, L'Origine de la très illustre maison de Lorraine, Toul, p. 541.

- ROYER, Gérard, 1995-1996, "Les Montreux en Ferrette, dans l’histoire de la Haute-Alsace, de la Lorraine et de la Bourgogne, aux XIVe et XVe siècles (2 parties)", Annuaire de la Société d'histoire du Sundgau 17-18. 

 

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