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Maison de Lorraine
27 avril 2019

Fresque (perdue) de la famille ducale à l'abbaye de Clairlieu (fin XVe siècle ?)

L'abbaye de Clairlieu fut fondée en 1151 par le duc Mathieu Ier et son épouse Berthe de Souabe. Ce monastère cistercien abritait, dans son transept gauche, une fresque où l'ensemble de la famille ducale était représentée. Elle fut détruite à la Révolution avec l'ensemble du bâtiment et il n'en reste rien aujourd'hui.

Selon l'abbé Lionnois qui est notre source principale, cette peinture était "assez récente". Elle se composait de deux registre superposés. En bas, quatre religieux portaient un cercueil tendu de noir à croix d’argent. Ils étaient suivis d’autres religieux, éplorés, et d’un évêque portant la mitre et la crosse (Thierry de Lorraine ?). Le registre supérieur était construit autour d’une scène de calvaire. Au pied de la croix se trouvait, de manière traditionnelle, la Vierge et Saint Jean. De part et d’autre se trouvaient, agenouillés sur un prie-Dieu, le duc et la duchesse tenant un livre ouvert dans les mains. Trois princes, que l'on identifie avec les futurs ducs Simon II et Ferry Ier et le comte Mathieu de Toul, se tenaient debout derrière le duc. De la même manière, les princesses Alix et Judtih étaient représentées derrière leur mère. Les jambages et le cintre étaient ornés d’écussons aux armes simples de Lorraine et d’une inscription gothique : « Icy sunt reunis MATHIEU, duc de Lorraine, et BERTHE sa fame et les enfans que de il elle a eheu, le duc SIMON, le duc MATHIEU, Edeline et Berthe leurs filles. ». Plusieurs erreurs peuvent être relevées comme l'absence d'une mention de Ferry Ier ou le titre ducal donné à tort au priunce Mathieu. D'autre part, précisons que le fresque était lacunaire au temps de l'abbé Lionnois et qu'il n'a donc pas pu voir les princesses.

 

Des témoignages indirects sur le portrait de Mathieu Ier ?

La fresque a disparu à la Révolution. Cependant, nous pouvons la connaître en partie grâce à des document postérieurs :

Portrait de Mathieu Ier à Florence (cliché blog.kermorvan.fr modifié)

- La galerie des Offices de Florence expose une suite des ducs et duchesses de Lorraine allant de Mathieu Ier à Charles IV. Chacun est représenté sur un fond sombre avec une légende l'identifiant. Mathieu Ier est figuré tourné vers la droite et tenant un livre ouvert. Ce point correspond à ce que nous savons de la fresque. Il est vêtu du manteau ducal en brocart bordé d'hermine avec un large col. Sa manche suggère une cotte rouge à bordure dorée. Mathieu est représenté relativement âgé, ses cheveux gris tombant sur ses épaules. Il ne porte pas de couronne. 

 

 

 

 

 

Portrait de Mathieu Ier et de son épouse (cliché catalogo.uffizi.it)

Cette représentation et celle de la duchesse ont servit pour réaliser un double-portrait également conservé à Florence (XVIIe siècle ; Inv. 00642027). La principale différence est que le cadrage étant plus serré, les mains et les livres n'apparaissent pas.

 

 

 

 

Médaille de Mathieu Ier par Saint-Urbain (cliché saivenumismatique.fr)

- Le portrait sur la médaille de Ferdinand de Saint-Urbain est tiré, selon Dom Calmet, des sceaux de Mathieu Ier. L'abbé mentionne cependant de manière parallèle la fresque de Clairlieu. Une comparaison suffit à constater que la médaille a le même modèle que les peintures de Florence. 

 

 

 

 

 

 

Proposition de datation et source d'inspiration

 La convergence entre les tableaux conservés aux Offices et la médaille de Saint-Urbain suggèrent que le peintre du XVIIe siècle a été fidèle à son modèle. Peut-on, à partir de ce témoignage indirect, proposer une date pour la peinture de Clairlieu que l'abbé Lionnois jugeait plutôt récente ? Il est clair qu'elle ne peut être postérieure au XVIIe siècle. De plus, le manteau ducal ressemble beaucoup à celui que nous voyons sur des représentations de René II. L'abbaye ayant été endommagé lors des guerres de Bourgogne, ne serait-il pas envisageable que la fresque ait été faite lors de travaux de restauration. Proposons donc la fin du XVe siècle comme date possible. Il ne s'agit bien-sûr que d'une hypothèse qu'il faudrait pouvoir vérifier.

 

D'autre part, il n'est pas inutile de s'interroger sur les modèles suivis par l'artiste qui réalisa la fresque. La coiffure de Mathieu Ier et la guimpe et les voiles de Berthe de Souabe ne sont pas sans faire penser à leurs gisants supposés. Le monument funéraire n'était qu'à quelques mètres du mur à peindre et le peintre a très bien pu les prendre comme modèle, au moins partiellement.

 

 

- CALMET, Augustin (Dom), 1736, Dissertation historique et chronologique sur la suite des médailles des ducs et duchesses de la Maison royale de Lorraine, Nancy.

- LEPAGE, Henri, 1855, "L’abbaye de Clairlieu, ordre de Cîteau", Bulletin de la Société d'archéologie lorraine 5, p. 98-215.

- LIONNOIS, Jean-Jacques Bouvier (abbé), 1811, Histoire des villes vieille et neuve de Nancy, depuis leur fondation, jusqu'en 1788, 200 ans après la fondation de la Ville-Neuve, Nancy, p. 631.

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